19 mai 2010

Madagascar, Train-Train quotidien


Madagascar
Beaucoup d’articles ont déjà parlé de Madagascar, aussi, nous n’allons plus parler de généralité, d’histoire et de que sais-je encore ; nous allons entrer dans un sujet plus précis, une anecdote-type, une sensation, un voyage.
Guide touristique de profession dans ce magnifique pays, je vais vous raconter une « anecdote-type » pour que vous sentez l’ambiance et le charme d’un « voyage-type » dans cette île-émotion. Une « anecdote-type » car les voyages se ressemblent sans être tout à fait les mêmes.
C’est donc un récit du Train-Train quotidien des gens du Sud Est de Madagascar. Récit d’une vie quotidienne à bord de la seule ligne ferroviaire qui fonctionne encore aux pays du « moramora ». Une ligne que j’emprunte de temps en temps dans ma profession de guide touristique.

La ligne F.C.E.
Est une ligne régulière de chemin de fer d’une portion de 163 Km qui relie les Hautes-Terres-Centrales : Fianarantsoa, capitale des Betsileo à la côte Sud Est Manakara, capitale des Antemoro. D’où son nom de F.C.E. ( Fianarantsoa Côte Est ). Une des destinations que je vous conseille en raison de sa spécificité, celle de vivre des expériences uniques sans comparaison aucune.
Si j’emprunte de temps à autre ce train, certaines personnes telles que paysans, policiers, cheminots et autres contrôleurs, par contre, l’utilisent régulièrement, pour ne pas dire tous les jours. Eh oui, tous les jours pour quelques personnes que je connais de visage, car je les voie tout le temps que je prend cette ligne.

Avant départ
Si les touristes s’apprêtent à découvrir un voyage excitant, moi je m’apprête à revivre avec plaisir un voyage-type. Si le train, à Madagascar, n’est pas toujours ponctuel à l’arrivée, ce n’est pas le cas du départ. Aussi, tout le monde doit faire un réveil matinal dans un pays où la brume est omniprésente le matin.
A la gare, c’est l’effervescence d’une foule occupée mais joyeuse, avec leurs sacs, leurs paniers, leurs « sobika », leurs … canards, etc. Pas la peine d’emporter sa valise, il n’y en aura pas de place pour. C’est effervescence d’une foule reflétant une société encore saine, pauvre peut-être, mais souriante et sans pickpocket ni autres du genre.
Départ de Fianarantsoa, 7h du matin. C’est comme dans 24h Chrono, sauf qu’il n’y a que 12h ou moins, en général 10 ( pour 163 Km ). Donc, comme dans 24h chrono, le départ est ponctuel, ou presque, ça dépend des bons jours ( jeudi ) ou des mauvais ( mardi ), selon la croyance malagasy et selon votre propre croyance à vous ( un vendredi 13 ou je ne sais quoi encore ). Si 24h chrono est palpitant, la ligne F.C.E. est tout à fait l’inverse, c’est cool, super cool, voire hyper cool par moments ; bref on n’a pas intérêt à prendre un avion à l’arrivée. Tuuuuuuuuuut ! C’est parti.

Train-Train quotidien
Parmi les gens qui le prennent tous les jours, dont je vois à chaque fois les visages, et dont j’entame quelques brèves conversations telles que : « bonjour, … ça va ? … c’est bon ! … c’est pas bon ! … à la prochaine », il y a les contrôleurs ( qui me répètent à chaque fois que la fameuse chute d’Andrambovato-Mandriampotsy se trouve juste après le 7e tunnel ), il y a les policiers ( qui ne cessent de me demander si je ne peux pas leur offrir à boire, et qu’à chaque fois je leur répond une autre fois ), il y a aussi un vendeur de boisson glacé ( coca cola, bière, eau, yaourt ), car il faut également comprendre que sur cette ligne ou ailleurs d’ailleurs vous ne trouverez pas de distributeurs automatiques de boisson ou de quoique ce soit. Vous êtes à Madagascar ! Et ce qui fait tout le charme du voyage.
Si vous en emporter au départ de votre chambre d’hôtel, il va se réchauffer le temps qu’on arrive à destination ; à moins que vous pensez à emmener une glacière, mais ça va être aussi encombrant ; et vu l’espace assez limité dans le train, une glacière ou des bagages de la même taille ne serait pas appropriée. Donc, conclusion : achetez au type qui vend les siens glacés, ça lui fera un grand sourire.
Les enfants sont nombreux sur cette ligne. Là vous comprendrez que le chiffre qui dit que 45 % des Malagasy ont moins de 15 ans est fiable. Des enfants joyeux et souriants, la richesse du pays et de leurs parents, dans la conception typiquement malagasy de la vie.
DagaDagaDagaDagaDagaDagaDag … C’est le bruit du train qui qui roule. A l’intérieur, vous êtes secoués, mais ce n’est pas grave. Dedans, soit il faut parler fort pour s’entendre, soit il faut chuchoter à l’oreille de l’autre. Il faut parler plus fort que le bruit du DagaDagaDagaDagaDagaDagaDag … Malheureusement, je ne peux pas vous décrire sur papier le fait de parler plus fort, mais imaginez-le seulement. DagaDagaDagaDagaDagaDagaDag … C’est donc le bruit du train qui qui roule ( et il vaut mieux qu’il roule ).
En route, des tunnels et des tunnels et encore des tunnels. Un conseil, n’oubliez pas votre lampe de poche, on ne sait jamais ce qui pourrait arriver, surtout dans les tunnels. Et n’oubliez pas non plus vos piles pour les lampes de poche. Avec ses 163 Km, le train F.C.E. fait 10h de temps, d’une manière générale. Oh, pas la peine de calculer à quelle vitesse roule-t-il donc, il ne s’agit pas de vitesse mais des arrêts.
Il y a 18 gares y compris celles du départ et de l’arrivée ( Fianarantsoa et Manakara ), et dans chaque gare, on s’arrête. Plus ou moins long selon l’importance de la gare et surtout selon les chargements et les déchargements de marchandises qu’on effectue. Des matériaux de construction, du café, des sacs de riz, des bananes et des bananes.
Mais on s’arrête aussi même s’il n’y a pas gare. On s’arrête là où il y a des gens avec leurs sacs de bananes. Et des bananes, il y en a partout, sur toute la ligne. C’est un fruit de saison, où la saison s’appelle toute l’année. Uniquement donc avec les bananes, on perd pas mal de temps, alors vous imaginez ce temps si vous décidez de voyager en décembre ou en janvier, saison de la récolte du letchis. En plus des chargements des bananes s’ajoutent ceux des letchis. Des letchis partout sur les arbres sur la deuxième moitiée du trajet, du rouge et du vert.
Heureusement que sur cette ligne, on ne trouve ni poire, ni pomme, ni cerise ; sinon ça aurait était un 24h chrono garantie.
DagaDagaDagaDagaDagaDagaDag … Bref, comme je vous ai dit, il vaut mieux qu’il roule ce train. Paysage diversifié de rizières, de briquèteries, de villages, de forêt, de plantations de caféier et de bananier, de rivières, de verdure et d’arbres du voyageur ( l’emblème de Madagascar ). Et des enfants et des enfants, toujours souriants et joyeux, qui vous saluent à votre passage, qui vous saluent de leurs mains agitées. Pour eux, vous êtes l’attraction du village, dans une région où il n’y a ni internet, ni téléphone portable, ni ordinateur, ni télévision ; des régions où il n’y a que des postes radio, et encore sans piles pour les écouter.
Des régions qui vous rappellent que malgré leur vie à la spartiate, ils sont des gens en contact permanent avec la nature, et c’est ce qui leur donne une bonne santé continuelle. Là bas, sur la ligne F.C.E., pas de pollution, pas de stress, pas de montre, pas d’heure. Là bas, « le temps, c’est du plaisir », c’est la philosophie même du « moramora ».
Tuuuuuuuuuut ! Que les poules, les zébus et les enfants s’écartent de la voie ferrée, le train va passer. DagaDagaDagaDagaDagaDagaDag …

A l’arrivée
A votre arrivée au pays Antemoro, destination finale de la ligne, une multitude de pousse-pousses vous attend. Par ici monsieur ! Par ici madame ! Par ici « Vazaha » ! Là encore, en les prenant, vous vous mettrez dans l’ambiance du pays et … votre contribution leur fera un grand sourire.

Référence web
C’était l’anecdote-type, la sensation vécue d’un Train-Train quotidien d’une région précise de Madagascar : la ligne F.C.E. Dans l’adresse du site web ci-après, où j’en suis le webmestre, je ne vous parle plus du train en particulier, ni de Train-Train quotidien, mais plutôt d’un descriptif « touristique » et « réel » de ce pays que je vous ai décrit à travers ce récit-type de voyage.
Ravo Madagascar, webmaster de :

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